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Balade au pied du mont Aiguille, un symbole du Vercors

De passage dans les Alpes, nous nous arrêtons quelques jours dans le Vercors isérois. Et nous venons enfin voir en vrai l'un de ses symboles, tant de fois passé devant nos yeux sur les photos des réseaux sociaux : le mont Aiguille. À notre tour d'aller apprécier ses impressionnantes falaises et les paysages verdoyants du Vercors !

Le Vercors… Lorsque notre roadtrip printanier à travers les montagnes de l’est de la France nous a mené au pied des Alpes, après avoir redécouvert les Vosges et le Jura, le Vercors fut un choix évident, voté à l’unanimité par nos deux paires de mollets. La période – début juin – et notre volonté de partir en bivouac nous « contraignait » à choisir parmi les massifs préalpins plutôt que de partir vers les sommets encore enneigés des Écrins ou de la Vanoise, par exemple.

Le Vercors est un massif situé entre Grenoble, Die et Valence, entre Drôme et Isère, culminant au Grand-Veymont à 2341 mètres d’altitude. Sa partie drômoise, verte et vallonnée, parfois abrupte, nous a largement convaincus lors d’un trek de 7 jours le long du GR®P « Tour du Vercors drômois » aux airs de petit paradis. Et nous choisissons naturellement de passer du côté isérois du massif pour nous reposer quelques jours et découvrir un autre univers.

Une seule balade au programme, largement insuffisante à nos yeux – mais nous nous sommes promis de revenir ! Direction l’une des sept merveilles du Dauphiné, cette ancienne province située dans l’actuel département de l’Isère. Sans aucun doute la plus connue, la plus immense aussi : le mont Aiguille, vaste falaise calcaire formée par l’érosion du plateau dont elle faisait partie. Elle s’est ainsi trouvée isolée du reste du massif du Vercors, avec une forme caractéristique devenue célèbre.

Nous partons découvrir les imposantes dimensions du mont Aiguille et le superbe écrin naturel dans lequel il est situé, en cheminant en son pied le long d’une balade riche en découvertes et en panoramas splendides sur les Alpes. On vous emmène ? C’est parti !

à la découverte des parois verticales du Mont aiguille

Informations pratiques :

Le mont Aiguille se trouve en Isère, à la frontière avec la Drôme, sur la commune de Chichilianne. Il est intégré dans la réserve naturelle nationale des hauts-plateaux du Vercors, qui fait l’objet d’une réglementation spécifique. Pour le bien de la faune et de la flore et la préservation de ces paysages époustouflants, merci de la respecter.

Notre balade débute au hameau de Ruthière et suit des sentiers balisés le long d’une jolie boucle sans difficulté majeure.

Durée moyenne : 4h
Distance : 11 kilomètres
Dénivelé : 350 mètres
Départ / arrivée : parking au nord-est de Ruthière, Chichilianne (Isère)

Coup de coeur pour le Vercors, balade vers Ruthière

Du parking, nous prenons la direction du sud-ouest vers le hameau de Ruthière, par la petite route suivie quelques minutes plus tôt en voiture. Nous nous trouvons à 1000 mètres d’altitude. Très vite, le charme opère : de la verdure à perte de vue, des falaises blanches immenses et le ciel d’un bleu splendide ! Face à nous, la vallée de Donnière que nous allons découvrir tout au long de cette randonnée. La journée commence parfaitement bien !

Le mont Aiguille, lui, trône déjà au dessus de nos têtes. La route laisse place à un joli chemin et nous l’apercevons entre les arbres. Nous allons cheminer sur son flanc sud toute la journée et pourrons l’admirer et le photographier sans compter.

Cache-cache avec les nuages du mont Aiguille, au mois de juin

Nous traversons le ruisseau de Donnière. La vallée est relativement large et ouverte. Vers le nord-ouest, le mont Aiguille disparait petit à petit derrière les arbres. Quelques nuages masquent une partie de sa crête sommitale, mais nous sommes impressionnés par sa forme originale autant que par ses dimensions : son sommet est situé pas moins d’un kilomètre au dessus de nos têtes ! Plus près de nous, raiponces et ancolies colorent un peu plus les bords du chemin. En ce début d’été, la flore est en pleine explosion, la montagne nous offre aussi ses plus beaux spécimens.

ruisseau de Donnière, balade au pied du mont Aiguille
Raiponce et Ancolie, flore du Vercors

Ce chemin est une véritable invitation à ralentir, à observer, à s’ouvrir à soi et à ce qui nous entoure. Les parfums, les sons, les contrastes nous séduisent. Tous nos sens sont sollicités, et nous nous ouvrons à ces formidables perceptions : nous nous sentons on ne peut plus vivants ! Nous faisons partie d’un paysage extraordinaire et ne souhaitons plus en sortir.

Donnière et les prairies du Vercors isérois

Nous commençons à grimper dans le bois de la Chabonnière et les arbres nous accueillent dans leur monde à eux, plus sombre, plus lent. Les jeunes feuilles, recherchées pour leur tendresse par les herbivores, sont d’un vert pétant. Chaque pas nous dévoile un peu plus la diversité de la vie à l’intérieur de cette forêt. Le lieu est un condensé de nature et de pureté.

Le bois de Chabonnière, balade au pied du mont Aiguille

Sortis du bois, nous avançons désormais dans les prairies de cette vallée, dans un univers particulièrement ouvert. À l’est, les falaises laissent place à une succession de collines arrondies recouvertes d’une épaisse végétation. Quelques rares habitations des petits hameaux viennent nous rappeler que l’humain peuple aussi cette vallée, ce qui n’est pas d’emblée une évidence tant le paysage reste sauvage et préservé. Plus loin, au second plan, la haute montagne succède au Vercors. Les Alpes prennent là-bas plus d’altitude et les sommets du massif des Écrins sont encore enneigés. Une vue époustouflante devant laquelle on pourrait s’assoir et rester des heures…

Les écrins vus depuis Chichilianne, Vercors

Le Mont Aiguille nous domine et nous continuons à le contourner. Nous admirons sa forme si spéciale et sa hauteur imposante. Des forêts qu’il domine à sa pelouse sommitale, de nombreux coloris l’habillent. Les arbres semblent vouloir gravir le mont sans parvenir jusqu’à son sommet. Sa partie la plus haute semble verticale et inaccessible. Pourtant nous imaginons aisément les férus de grimpe tenter d’escalader ses immenses parois calcaires.

Les prairies au pied du Mont Aiguille

Quelques maisons éparpillées sont placées çà et là au pied des falaises du Vercors. Nous avançons toujours dans les prairies jusqu’à rejoindre le bois des Granges, en direction de l’ouest et du pas de l’Aiguille. La balade est tranquille, jamais difficile. Nos arrêts sont fréquents, mais c’est pour mieux vivre ce moment paisible dans ce paysage splendide.

Du côté de Donnière, au pied du mont Aiguille, Vercors, Isère
Les écrins enneigés vus depuis le Vercors

Une autre face du mont Aiguille commence à se dévoiler. Son profil est tout aussi pentu et impressionnant. Nous espérons qu’il ne soit pas vite masqué par de gros nuages qui semblent s’inviter dans le paysage. Cela ne gâche pas la photo, pleine de contrastes et de vifs coloris.

Le majestueus mont Aiguille, paradis dans le Vercors

Nous prenons de la hauteur sur les vastes prairies qui couvrent le fond de vallée. Les Écrins commencent eux-aussi à disparaitre derrière d’épais cumulus. Le paysage est tout simplement extraordinaire…

Les écrins depuis le Vercors isérois, chichilianne

Nous nous enfonçons dans le bois des Granges, jusqu’au ruisseau du pas de l’Aiguille. Les quelques ouvertures dans la forêt nous donnent de merveilleux paysages à découvrir. J’ai un véritable coup de cœur pour cette petite cabane située juste à l’orée du bois, au milieu de ces prairies verdoyantes. Que fait-elle là ? À qui, à quoi sert-elle ? Nous ne le saurons pas. Mais elle donne l’échelle de ces falaises vertigineuses qui nous entourent.

Cabane près du bois des Granges, Chichilianne

Le ruisseau du pas de l’Aiguille est l’endroit parfait pour le pique-nique. Nous admirons la jolie cascade qui descend du plateau. Et de l’autre côté, le mont Aiguille a fière allure. Il nous domine et attire nos regards. Tel un phare, il surplombe d’immenses forêts. Nous sommes sous le charme…

Cascade du pas de l'aiguille à Chichilianne
Le profil abrupt du mont Aiguille, d'impressionnantes falaises
Le pas de l'Aiguille et vue sur le Mont Aiguille

Les maquisards du Vercors

Au moment du débarquement de Normandie, le 6 juin 1944, les maquisards et autres résistants de la région sont mobilisés. Quittant tout, ils montent au plateau rejoindre plusieurs centaines d’hommes déjà présents pour certains depuis 1942, refusant l’oppression. Le massif est une véritable forteresse naturelle, protégée par des falaises abruptes. Les maquisards sont ravitaillés par la Résistance et la population locale.

Fin juin 1944, près de 400 maquisards s’affrontent aux troupes allemandes sur le plateau. Attendant une aide des Alliés, ils reçoivent des armes et s’entrainent à leur maniement. Mais l’ennemi ne voit pas cela d’un bon œil et décide de lancer l’assaut : 6000 soldats viennent combattre les maquisards, plus que pour tout autre maquis en France. En trois jours, la bataille est finie. 600 résistants et une centaine d’Allemands meurent. Près de 250 civils sont tués ou déportés. Les maisons sont incendiées.

En juillet 1944, les cols d’accès au plateau font l’objet de toutes les convoitises. Les « pas », cols escarpés, sont crus inaccessibles et faciles à défendre, ils sont peu protégés. Les Allemands parviennent à les faire tomber les uns après les autres. Au Pas de l’Aiguille, le 22 juillet 1944, vingt-trois maquisards sont attaqués. Deux sont tués, mais les autres parviennent à se réfugier dans une grotte. Ils résistent pendant plus de trente heures au feu ennemi. Deux résistants sont tués par balle et par éclat. Trois, grièvement blessés, se suicident. En pleine nuit, le reste du groupe, dont les munitions manquent, tente de fuir sous les balles ennemies. Par miracle, personne n’est blessé, les maquisards réussissent à quitter le plateau et à se mettre en sécurité.

Un monument est érigé en souvenir aux maquisards et à la lutte armée sur le plateau du Vercors. Un moment très émouvant dans ces montagnes qui n’ont pas toujours été si paisibles qu’aujourd’hui…

Mémorial des Maquisards, au pied du mont Aiguille

C’est le moment pour nous de redescendre vers Ruthière, nous prenons le chemin du retour. Nous n’oublierons pas l’histoire de ces hommes défendant leur montagne, leur territoire, coûte que coûte… Ici, dans ces falaises, dans ces prairies si belles en ce début d’été 2023. Les prés sont recouverts de fleurs, et nous marchons sur ce chemin avec pour seul bruit, celui de l’eau coulant paisiblement dans la vallée…

Les Fourcheaux, massif du Vercors

Nous redescendons la vallée en lisière des bois, grimpons dans le bois de Brochetière et apprécions le panorama sur les falaises et les petits lieux-dits qui ont été le théâtre de ces combats il y a près de 80 ans. La forêt recouvre une bonne partie du fond de la vallée et certains arbres parviennent même à vivre à même les pentes, sur les falaises les plus verticales.

Magnifique Vercors bien vert en juin 2023, vers chichilianne

Des chemins boisés nous ramènent à notre point de départ, Ruthière, dans le même paradis de verdure que celui que nous avons traversé tout au long de la journée. Ce ciel s’est couvert, nous évitons de peu une averse. Nul doute que ces plateaux sont arrosés vu la puissance des teintes de vert qui recouvrent les paysages du Vercors à cette période. Les fleurs nous raccompagnent, de magnifiques orchis pourpres bordent le sentier. Un couple de marcheurs nous interpelle pour nous faire découvrir une fleur encore plus mystérieuse : le sabot de Vénus, une orchidée protégée à la forme étonnante de sabot présente, en France, essentiellement dans les Alpes.

Des petites fleurs aux immenses panoramas, jusqu’à l’un de ses symboles les plus étonnants, le Vercors nous a offert ses plus beaux côtés et notre journée au pied du mont Aiguille reste encore, des mois après, dans nos mémoires. Un grand moment qui nous donne l’envie de revenir très vite dans ce massif alpin !

Orchis pourpre et Sabot de Vénus, flore splendide du Vercors



Bonus : les panoramas extraordinaires du Vercors - rendez-vous en 2024

Le Vercors depuis le col d'Arzelier, Chateau-Bernard

Parce qu’en triant mes photos de cette journée de découverte du mont Aiguille, je suis tombé sur cette image… C’était la vue depuis le balcon du logement que nous avions réservé quelques jours lors de notre passage dans le Vercors. Autant vous dire que nous en sommes instantanément tombés amoureux ! Une chose est sûre, notre histoire avec le Vercors ne fait que commencer…

Nous espérons pouvoir revenir dès 2024 pour d’autres escapades dans ce magnifique massif alpin, avec cette fois-ci de la grimpette sur quelques sommets mythiques, et d’autres aventures en bivouac pour encore mieux apprécier le caractère du Vercors. Nous n’en avons pas vu assez à nos yeux, il nous faudra donc revenir très vite !

Bref… Rendez-vous en 2024 !

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À très bientôt pour de nouvelles découvertes !

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